AQUARELLE:
Le Réseau d'Information sur le Patrimoine Culturel


Alain Michard, INRIA



Un projet de Recherche et Développement soutenu par le programme « Applications Télématiques » de l'Union Européenne.

Les institutions culturelles et la société de l'information Les technologies de l'information modifient profondément les modalités de création et de diffusion des connaissances. L'émergence de la société de l'information concerne au premier chef le secteur culturel, et a des conséquences importantes pour les institutions publiques en charge de notre patrimoine: celles-ci considèrent de plus en plus que la création et la diffusion d'information est une de leur mission fondamentale.

Les pratiques actuelles

L'utilisation de systèmes informatiques dans les musées et organisations culturelles européennes s'est largement développée au cours des dernières années. Une enquête réalisée par le CIDOC en Septembre 1991 montre qu'entre 1989 et 1991 le nombre de musées utilisant un système informatique pour la gestion des collections et pour la documentation s'est fortement accru. La plus forte croissance est observée en Grande Bretagne -avec 500 musées équipés-, aux Pays-Bas -200 musées équipés- et en France, avec 100 musées équipés . En Europe, comme aux Etats-Unis ou au Canada, les institutions culturelles ont adopté des applications informatiques spécifiques. Ceci aboutit à des solutions mutuellement incompatibles d'une institution à une autre, voire au sein d'une même institution. Les incompatibilités se situent aussi bien au niveau des logiciels applicatifs, qu'à celui de la structure et des formats de l'information elle-même.

La plupart des musées et des institutions culturelles disposent maintenant de bases de données pour la gestion des collections, ou le catalogage des monuments et objets mobiliers. Chaque entité patrimoniale est référencée dans ces bases par une fiche descriptive de référence. La structure de ces fiches diffère en général d'un musée à l'autre, mais elles permettent toujours l'identification non ambiguë des objets, et fournissent quelques informations élémentaires à leur sujet: catégorie, origine, travaux de restauration, emplacement actuel, etc. La documentation sur le patrimoine est en fait beaucoup plus riche que ce qui est contenu dans les bases de données de référence décrites ci-dessus. Dans le cadre de leur activité normale de recherche, divers spécialistes -conservateurs, historiens, archéologues- créent des descriptions détaillées des oeuvres d'art, des collections, des monuments, des sites archéologiques, etc. . Cette documentation prend généralement la forme de dossiers regroupant des cartes, plans, dessins, photographies, une bibliographie, et bien entendu une description textuelle. A partir de ces dossiers, des monographies imprimées sont souvent réalisées, fournissant une analyse détaillée des oeuvres ou des sites. En règle générale, ces dossiers ne sont pas encore sous forme numérique.

La numérisation du patrimoine constitue un objectif stratégique pour de nombreuses institutions culturelles. C'est une condition nécessaire pour offrir un accès aisé et décentralisé à l'information relative au patrimoine. Cette numérisation implique de modifier le processus de création et de mise à jour de l'information, et d'adopter de nouveaux outils. Pour être utile la numérisation ne doit pas se limiter aux informations élémentaires (plans, photos, textes) qui entreront dans la composition des dossiers, mais doit concerne les dossiers eux-mêmes qui deviennent dés lors des structures de données complexes mettant en relation des éléments composites (dossiers hypermédias).

Les nouveaux besoins

L'importance économique du tourisme culturel, les attentes des visiteurs, et les besoins en information de nouvelles catégories d'utilisateurs (ex.: marchands d'art, éditeurs, médiateurs culturels, police et douane, etc.) font que la documentation, au sens le plus général, devient l'une des principales productions des musées et institutions culturelles. La nature même de cette documentation évolue: initialement conçue par les conservateurs et chercheurs pour satisfaire leur propres besoins (conservation, catalogage, restauration, gestion des collection et des prêts), elle est de plus en plus conçue comme un moyen pour la préparation d'événements et de produits culturels destinés aux audiences les plus variées. Pour faciliter l'organisation des expositions et des événements culturels ou pour permettre la publication de livres ou de CD-ROMs, les institutions culturelles, les éditeurs, les bibliothèques, les agences photos, les laboratoires de recherche, doivent partager ou échanger des informations. Le partage de l'information sur le patrimoine culturel est au coeur de la vision du projet AQUARELLE.

La vision Aquarelle

Les informations relatives au patrimoine culturel forment une toile d'araignée mondiale. Nous ne faisons pas ici référence à la technologie particulière du « World-Wide-Web », mais au concept qui sous-tend ce système d'information, celui d'hypermédia distribué. En effet, l'ensemble de l'information qui documente le patrimoine culturel mondial est composé de documents sémantiquement liés les uns aux autres. L'auteur d'un document élémentaire doit donc être en mesure d'établir un lien explicite entre son propre texte (ou carte, ou plan, etc.) et les autres documents sémantiquement reliés, créés et mis à jour par d'autres auteurs dans d'autres institutions. L'auteur d'un dossier documentaire doit pouvoir y inclure des références directes à des documents élémentaires disponibles sur un serveur d'information quelconque connecté à la toile d'araignée. Le lecteur a dès lors la possibilité de consulter immédiatement tout document référencé dans le dossier qu'il a ouvert.

Les lecteurs, -ou « utilisateurs »- peuvent appartenir aux catégories les plus diverses: professionnels (conservateurs, chercheurs, éditeurs), enseignants et étudiants, et grand public. Quels qu'ils soient, ces utilisateurs doivent pouvoir retrouver et consulter les informations nécessaires à leur travail ou satisfaisant leur curiosité, et ce indépendamment de la localisation de ces documents numériques. Toutefois, pour des raisons de sécurité certaines informations pourront n'être consultables que par certaines catégories d'utilisateurs.

Aquarelle permettra:
Les principales phases du projet:
Le partenariat

AQUARELLE a été défini et est réalisé par un consortium européen regroupant des institutions culturelles, des éditeurs, des entreprises industrielles technologiques, et des laboratoires de recherche.

Institutions culturelles et Editeurs:

Ministère de la Culture (France), Bibliothèque Nationale de France, Ministère de la Culture (Grèce), Ministero per i Beni Culturi e Ambientali, Instituto Centrale per il Catalogo et la Documentazione (Italie), Royal Commission on the Historical Monuments of England, Museum Documentation Association (Grande Bretagne), Musée Benaki (Grèce), Fratelli ALINARI (Italie), GIUNTI Multimedia (Italie).

Industriels des technologies de l'information:

EUROCLID (France), GRIF (France), ERGOMATIC Consultants (France), BULL (France), System Simulation Ltd (Grande Bretagne), FINSIEL (Italie), INTRASOFT (Grèce) I.T. Research Organisations, INRIA (France), IMAG (France), LIRMM (France), ILSP (Grèce), ICS-FORTH (Grèce), CCLRC-RAL (Grande Bretagne), CNR-CNUCE (Italie), CNR-ITIM (Italie).

Le projet est coordonné par le Groupement Européen d'Intérêt Economique ERCIM (European Research Consortium for Informatics and Mathematics-EEIG).

Pour plus d'information
http://aqua.inria.fr/