L'Ecole Nationale Polytechnique
et les technologies de l'information

Prof. S. Benhadid
Directeur Général, Ecole Nationale Polytechnique, El-Harrach, Alger


Résumé

La nouvelle politique méditerranéenne, dont les principes ont été retenus lors des conseils européens d'Essen et de Cannes, et qui visent la mise en place à terme d'un espace «économique euro-méditerranéen, est en parfaite harmonie avec la déclaration de Barcelone qui a instauré le partenariat euro-méditerranéen, ouvert une nouvelle voie avec la reconnaissance formelle de cette forme de coopération, et adopté une programme d'action d'envergure incluant les technologies de l'information.

La transition vers la société de l'information, ne peut en aucun cas, être l'apanage exclusif des entreprises et du secteur industriel, tant il est vrai que la marginalisation de la communauté scientifique dans les établissements de recherche et de l'enseignement supérieur pourrait en compromettre le succès. Il y aurait lieu, dans ce contexte et plus que jamais, d'oeuvrer pour le renforcementdes liens et l'établissement de passerelles fonctionnelles entre la communauté des scientifiques et chercheursd'une part, et le secteur utilisateur et le milieu des entreprises d'autre part. En fait, il faudrait veiller à la mise en place de mécanismes de diffusion de nouvelles technologies de l'information et des communications du secteur de la recherche, utilisateur pionner par nécessité de moyens modernes de communication, vers les entreprises, et la société de façon générale.

L'Ecole tient à intégrer les technologies de l'information dans ses missions de formation d'ingénieurs et de recherche, au service des priorités nationales en la matière visant le domaine des ressources naturelles, notamment (Hydronautique, Mines, Hydrocarbures...) A ce titre l'Ecole envisage de renforcer ses liens avec le tissu industriel concerné. Ce qui ne manquera pas d'avoir des effets induits positifs sur l'économie nationale fortement tributaire des ressources naturelles du pays.

L'évolution constante du monde technologique impose une constante capacité d'adaptation à même de permettre une gestion efficace de l'évolution des configurations des entreprises, des systèmes de gestion et des structures réglementaires. Dans ce cadre, un système d'information doit être la base stratégique essentielle permettant d'atteindre cet objectif, car il répondra au souci de la nécessité de construire un environnement d'interfonctionnement permettant à des réseaux divers de travailler en synergie.

Pour ce faire, il faudrait :

I. Introduction

Les autoroutes de l'information semblent hissées au rang de mythe fondateur de la société de l'information sur fond de mondialisation des échanges. Elles apparaissent comme un facteur de transformation radicale de la planète en une sorte de village global. Ces autoroutes devraient livrer un ensemble de nouveaux services interactifs : télé-enseignement, consultation de banques de données, médecine assistée à distance, messagerie, visiophonie, etc... Cette évolution technique ne manquera pas d'avoir un impact certain sur notre comportement et notre manière de travailler et de vivre, aussi bien à l'échelle locale qu'à une échelle beaucoup plus large. En effet, il s'agira, grâce aux progrès des nouvelles technologies de l'information de :


Il est ainsi indéniable d'affirmer que l'entrée dans l'ère de l'information et de la communication s'accompagne d'enjeux stratégiques, i,dustriels, économiques et sociaux.

Dans ce cadre, la déclaration de Barcelone de Novembre 1995 qui a instauré le partenariat euro-méditerranéen a ouvert une nouvelle voie avec la reconnaissance formelle de cette forme de coopération, et a adopté un programme d'action d'envergure incluant les technologies de l'information.

Pour répondre au développement très rapide du marché de la téléinformatique et pour faire face à la très grande diversité des sytèmes et applications informatiques, l'Algérie a mis en place unr éseau de base dans les transmissions des données (DZ-PAC); c'est une structure destinée à promouvoir et optimiser le parc national informatique DZ-PAC est organisé de manièree à assurer les fonctions de concentration et de commutation des données. Pour ce faire, l'administration des postes et télécommunications algérienne a opté pour une topologie visant la mise en place d'un réseau à portée nationale couvrant au mieux les régions à haute densité de trafic. Quatre noeuds principaux desservent les villes de : Alger, Constantine, Ouargla, Oran et 35 concertations réparties à travers le territoire national.

La normalisation des modes d'accès à tous les réseaux de transmission par paquets facilite la connexion de DZ-PAC aux réseaux similaires en Europe et en Amérique du Nord,...5INFONET, TRANSPAC, EURONET, TUNISAC, MAGHRIBPAC).

La mise en place de ce réseau a permis également le développement de l 'informatique nationam et l'élargissement de la gamme de prestations déjà exixtantes, à saisir les lignes spécialisées et le réseau à communtation de circuits (X21).

II. ENP : Situation actuelle et Perspectives :

Conscientes de l'importance des enjeux et des missions qui lui sont dévolues, l'Ecole Nationale Polytechnique a lancé un plan d'informatique à la mesure de ses ambitions de leadership et de pôle d'excellence au niveau national et de qualité de futur noeud-serveur dans le réseau international de communications.

L'obsolescence très rapide du matériel informatique, d'une part, et les contraintes budgétaires, d'autre part, exigent la plus grande prudence dans la conduite du projet de renouvellement et d'extension des moyens de calcul de l'Ecole.

Ainsi, il n'est pas envisagé d'acquérir simultanément l'intégralité des équipements. Bien au contraire, tout nous incite à échelonner nos acquisitions qur une période plus ou moins longue, afin de disposer en permanence d'équipements récents. Cette stratégie offre une autre avantage non moins négligeable : celui de pouvoir capitaliser expériences et savoir-faire, et de faire évoluer notre environnement informatique en fonction de nos besoins.

Pour ces raisons, le projet de développement informatique doit s'appuyer sur une architecture évolutive, modulaire et ouverte, à laquelle viendraient se greffer au fur et à mesure de nouveaux équipements. Seules de telles caractéristiques, alliées à une politique infrmatique cohérente, pourront garantir la pérennité de nos investissements et la satisfactio n continuelle de nos besoins. L'évolutivité, la modularité s'appliquent non seulement aux équipements, mais aussi aux systèmes d'exploitation, aux logiciels et enfin au réseau informatique.

De la nécessité d'un réseau informatique :

L'utilisation optimale des ressources passe par le partage entre les différents utilisateurs. Ce partage est, par ailleurs, rendu nécessaire par l'impossibilité de doter complètement tous les utilisateurs, en raison de leurs capacités financières.

Un réseau informatique reliant l'ensemble l'ensemble des départements et services de l'Ecole s'avère nécessaire. Ce réseau pourra être mis en place progressivement, en fonction de nos ressources financières et des priorités retenues. Dans une première phase, les bâtiments hôtes seront reliés entre eux, avec un minimum de points d'accès au réseau au niveau de chaque bâtiment. Dans la seconde phase, la câblage interne des bâtiments pourra être entrepris, une fois les salles et breaux sélectionnés.

Le réseau doit permettre la satisfaction des besoins suivants:

a- Partage des ressources :

Ces ressources peuvent être matérielles (unités centrales, imprimantes, tables traçantes, disques durs, etc...) ou logiciels (partage d'un même environnement software, de base de données communes, etc...)

b- Communication :

Le service de messagerie électronique faciliterait les contacts entre chercheurs de différents départements ou services de l'Ecole, dans un premier temps, et de l'extérieur de l'Ecole, une fois la liaison établie et le protocole d'accès défini.

De l'utilité d'un réseau « à hiérarchie »

L'acquisition progressive des équipements et les progrès fulgurants et permanents que connaît le monde informatique font que notre système sera nécessairement hiérarchique.

Les systèmes serveurs demandés sont prévus dans cette optique. Le serveur principal, notamment, est destiné à rpendre en charge les grosses applications de calcul (calcul de structures, résolution de problèmes de type NP-Hard, les problèmes de grande taille de manière générale, etc...). Serveur de calcul, mais aussi de bases de données, il devra jouer unrôle prépondérant dans le réseau, sans por autant constituer unfacteur de blocage, en cas de panne. Son intégration doit permettre au reste des stations de micro-ordinateurs de continuer à fonctionner de manière autonome, même lorsqu'il n'est pas opérationnel. Dès lors que l'on accepte la possibilité de fonctionner sans ce serveur (en se privant des performances et ressources associées, il est vrai), son acquisition pourra se faire à tout moment et ne constitue danc pas une priorité absolue, dans ce sens. On pourra ainsi différer cette acquisition le temps de voir le reste des pôles fonctionner, et de se conveincre de sa nécessité, ou simplement de son utilité.

Il faudrait cependant, exiger un certain nombre de garanties.

D'abort, il faut que les systèmes puissent évoluer en fonction de nos besoins. En particulier, il ne faut pas que l'espace d'adressage d'un processeur donné limite les extensions éventuelles à un seuil susceptible d'être très rapidement atteint et dépassé. Il ne faut pas non plus que le remplacement du processeur par un autre plus performant entraîne la réécriture de toutes les applications.

Ensuite, il faut s'assurer de la disponibilité d'un service après-vente sérieux et compétent. Il faudra, de plus, admettre l'idée d'aller chercher les compétences là où elles se trouvent, et accepter, par exemple, de faire appel, en cas de besoin, à un service de maintenance situé en dehors du territoire nationale.

III. Coopération euro-méditerranéenne

Il y a lieu, tout d'abord, de souligner l'importance de la dimension « culturelle » de la transition vers la société de l'information. En effet, ilfaudrait en accompagnement d'opérations à caractère technologique et technique, veiller à la mise en place de véritables mécanismes de diffusion de l'information oeuvrant dans les sens d'une « imprégnation culturelle » de la communauté scientifique dans les pays de la rive Sud de La Méditerranée, souvent non ou mal informée. A ce titre, il faudrait envisager de notre point de vue l'organisation de séminaires et de sessions « portes ouvertes dans les établissements universitaires et les centres de recherche ».

D'autre part, et dans le cadre d'un premeir train d'initiatives, l'Ecole National Polytechnique a confirmé son plus grang intérêt pour la démarche lancée par l'INRIA Rocquencourt concernant la mise en place de WEB locaux, en connexion avec un projet de bibliothèque virtuelle autour des aspects de multilinguisme. Dans ce sens, l'Ecole est en voie d'acquérir les moyens techniques nécessaires à la mise en place d'un réseau local et à la numérisation de son fond documentaire afin de le mettre à la disposition du secteur universitaire algérien et des 40 entreprises avec lesquelles elle est conventionnée.

Dans ce contexte et dans le cadre de cette vision euro-méditerranéenne définie en commun en matière de technologies de l'information, l'ENP sollicite un soutien en matière de conseils, d'expertises, d'acquisition de moyens techniques et de formation dans des profils pointus pour la mise en place imminente du réseau local et d'un fond documentaire virtuel, et pour la réalisation d'une connexion internationale dans un avenir très proche. Ce projet est jugé prioritaire par l'ENP.

Ces actions se situent dans le prolongement des projets engagés ensemble dans le cadre euro-méditerranéen (projet SINTRAD MES-Campus, projet ESIMEAU INCO-Ped, ...). La priorité accordée par l'Union Européenne à la Méditerranée laisse entrevoir la possibilité de projets multiformes de coopération.

Ainsi, les moyens disponibles et susceptibles de développer cette collaboration verraient leur impact renforcée par un engagement rapide en tenant compte des besoins spécifiques de notre pays (formation, sensibilisation des utilisateurs, renforcement des capacités de recherche, soutien technologique).

IV. Conclusion

Il est une nécessité impérieuse, pour l'Algérie, d'introduire les nouvelles technologies de l'information dans les systèmes d'éducation, de formation, de recherche et dans le secteur économique, à l'instar des pays de la rive Sud de la Méditerranée.

Ainsi, dans le cadre de cette dynamique nouvelle insufflée par la construction de la société de l'information, il importe de tenir compte des besoins et préoccupations des pays de la rive Sud et que la coopération dans ce sens doit obéir essentiellement à des considérations de coopération et de collaboration et non commerciale, permettant aux pays de la rive Sud d'introduire aisément les techniques modernes pour la circulation des produits et services visant à la constitution de la société de l'information.